Le « baromètre des villes cyclables » est une enquête nationale organisée par la FUB, la Fédération des Usagers de la Bicyclette, la fédération à laquelle notre association adhère. Les résultats de l’édition 2025 ont paru il y a quelques jours. C’était la quatrième édition, après 2017, 2019 et 2021. Pour 2025 il y a eu 334 000 réponses sur toute la France.
Dans cette enquête, les cyclistes sont invités à noter les villes où ils se déplacent à vélo sur 26 critères, et une note globale peut ainsi être donnée à chaque ville qualifiée. Pour être qualifiée une ville doit obtenir un nombre minimal de réponses de cyclistes (50 pour les villes plus grandes qu’un petit village).
Pour notre territoire et cette édition 2025, il y a trois informations notables :
- deux de nos communes qui avaient été notées dans les éditions précédentes, Fos-sur-mer et Miramas, ne l’ont pas été cette fois-ci. Un algorithme de contrôle a détecté des réponses anormales, et elles ont été déclassées.
- Istres voit sa note s’élever nettement, même si cette note reste faible.
- La note de Martigues a baissé
Miramas et Fos-sur-mer disqualifiées pour l’édition 2025 :
Selon la FUB, sur l’ensemble de l’enquête, environ 90 communes, sur les 2600 qualifiées, ont été déclassées. Le déclassement a été fait suite à des fraudes avérées détectées par un algorithme, en lien avec les bénévoles de l’association Data For Good.
Miramas et Fos-sur-mer font partie des communes déclassées (et pendant quelques jours, Martigues l’avait également été). Ce déclassement peine évidemment ceux de nos bénévoles de notre association qui s’étaient beaucoup mobilisés sur ces villes durant les trois mois de l’enquête, afin d’avoir un maximum de réponses.
C’est la première fois que des communes qui avaient atteint le nombre suffisant de réponses sont ainsi déclassées. Il est rassurant qu’un contrôle existe, cela renforce la crédibilité de l’enquête, mais notre association aimerait savoir pourquoi ces deux communes ont été déclassées. Pour l’instant nous n’avons pas les détails.
La FUB nous a assuré que les contributions sur ces communes (les commentaires faits en parallèle des 26 notes qui aboutissent à la note globale) seront tout de même disponibles, offrant des éléments d’analyse utiles pour identifier les besoins et attentes des usagers et usagères du vélo. Nous les attendons.
La note d’Istres en forte hausse… mais encore sous la moyenne
La note d’Istres a beaucoup progressé entre 2021 et 2025, passant de 2,05 à 2,81 (sur 6). Elle passe ainsi de la classe G (« très défavorable au vélo ») à la classe E (« plutôt défavorable au vélo »). Cette augmentation est significative et vraisemblablement le résultat des importants aménagements cyclables réalisés depuis 2021, et notamment :
- deux pistes cyclables unidirectionnelles (une de chaque coté de la rue, ce que notre association recommande) sur l’avenue Félix Gouin sur 2,1 km depuis le rond-point Nelson Mandela jusqu’à l’avenue Saint-Exupéry (voir cet article précédent)
- une piste cyclable bidirectionnelle sur l’avenue de Radolfzell sur 1,1 km, depuis le rond-point de la route de Rassuen jusqu’à celui de l’avenue des Anciens Combattants (voir cet article précédent et cet autre)
- une piste bidirectionnelle sur la Corniche de Suffren sur 1,6 km, depuis le rond-point de la route du Dela jusqu’à celui situé en bas de l’avenue des Bolles (voir cet article précédent)
Malgré des défauts, ces aménagements sont utilisés par les cyclistes, notamment nos bénévoles de notre atelier d’Istres et même souvent, dans le cas de la piste de la corniche, par les cyclistes de route (!), et expliquent, à notre sens, l’essentiel de l’augmentation de la note d’Istres entre l’édition de 2021 et celle de 2025. Nous pensons également, sans avoir de chiffres, que le nombre de personnes qui se déplacent à vélo à Istres a augmenté depuis 4 ans.
La note reste médiocre. L’échelle de notes allant de 1 à 6, la moyenne se situe à 3,5 et Istres en est encore loin. Mais Istres s’est mise au niveau des villes comparables du département (Salon ou Martigues) et notre association reconnaît clairement l’effort fait ! Les villes moyennes de notre département sont cependant loin derrière la commune championne de France dans cette catégorie (Bourg-en-Bresse), qui vient de passer de la catégorie C (« plutôt favorable au vélo ») à la catégorie A (« très favorable au vélo »).

Lors de la première fête du vélo d’Istres le 18 mai dernier, M Bernardini, maire d’Istres, a annoncé une phase n°2 des aménagements cyclables. Notre association ne peut que souhaiter que cet engagement soit repris par toutes les listes aux prochaines élections municipales, et que cette promesse soit tenue pour que Istres devienne une ville enfin « favorable au vélo ».
La note de Martigues en baisse, mais une participation en forte hausse
La note de Martigues est plus surprenante car elle a baissé de 2,86 à 2,55, la faisant retomber dans la catégorie F qu’elle avait quitté en 2019, alors que les aménagements cyclables ne sont pas plus mauvais en 2025 qu’en 2021. Cette baisse est sans doute liée à l’augmentation du nombre de réponses. En effet, sans doute largement grâce au réel travail de promotion de l’enquête fait par notre équipe locale, mais aussi à l’augmentation du nombre de cyclistes à Martigues (c’est une impression, nous n’avons pas de chiffres), le nombre de réponses comptabilisées sur Martigues est en effet passé de 88 en 2021 à 239 en 2025. Ainsi de nombreux cyclistes, dont sans doute une bonne partie de « nouveaux » ont répondu pour la première fois et c’est déjà une loi du baromètre que les « nouveaux » cyclistes urbains jugent plus durement que les « vieux » cyclistes. Les « vieux » sont habitués à souffrir et remarquent davantage les progrès. En gros l’enquête a un biais : plus il y a de réponses, plus la note baisse…
Mais, vu de notre atelier de Martigues, quelques explications de fonds peuvent expliquer la baisse de la note :
- les nouveaux pratiquants s’aperçoivent que les aménagements cyclables ont trop de discontinuités, et les anciens s’impatientent de l’inertie de la ville ;
- L’impression générale est aussi celle d’une augmentation de la circulation automobile (même si les chiffres manquent), et donc d’une dégradation de la sécurité des cyclistes dans ce trafic ;
- La mesure principale prise par la ville entre 2021 et 2025, le passage d’un large centre-ville à 30 km/h, a pu avoir un effet contre-productif vis-à vis de la note. En effet, peindre des « 30 » sur la chaussée, sans ralentisseurs ou sans contrôle, ne change pas la vitesse des voitures et n’améliore donc pas la sécurité des cyclistes. Même si l’idée est bonne, cette mesure sans effet a pu être jugée sévèrement par les cyclistes, parce qu’interprétée comme de la communication pure, sans réelle volonté de limitation du trafic automobile en ville.