Guillaume Devot travaille chez lui et n’est donc pas vraiment un vélotafeur. Cependant son expérience du vélo est suffisamment grande et particulière pour mériter de figurer dans cette série d’article. A noter qu’il est aussi un adhérent de la première heure des Vélos des Etangs, un type bien, donc…
Depuis quand fais tu du vélo et du vélo électrique (VAE)?
Du vélo depuis toujours et du VAE depuis 2008, essentiellement en VTT (voir photo) et en voyage.
Pourquoi être passé au VAE?
A la base j’ai un BTS d’électrotechnique et la technique me passionne. La mécanique autant que l’électronique. En 2007 j’ai fait un voyage de 7 mois en Asie dont la Chine où j’ai découvert qu’il y avait ENORMEMENT de VAE, pour tous les usages mais essentiellement utilitaires. J’ai été convaincu comme ça.
En 2008, en rentrant de ce voyage, je n’avais plus de travail et plus beaucoup d’argent et j’ai cherché à monter un VAE d’abord pour moi. J’ai acheté un kit de transformation de vélo « normal » en VAE et j’ai vu qu’il y avait beaucoup de progrès à faire. Les batteries notamment était encore au plomb… Il y avait quelque chose à faire.
C’est ainsi devenu ton travail…
6 mois après être rentré, en 2008 encore, j’ai monté ma boîte (Déclic-Eco) en micro-entreprise (comparable à l’actuelle auto-entreprise) de kit de VAE sur mesure, le site Internet a été fait par un ami et le 1er client est venu 3 mois après: un limousin. Magie de l’Internet…
Je propose des kits d’électrification de vélo, que je compose largement moi-même, notamment l’électronique que je conçois et fabrique entièrement, mais aussi la batterie que je fabrique sur mesure à partir de composants de base, et je choisis le moteur parmi plusieurs fournisseurs que je trouve bons . Au départ je vendais seulement ces kits, mais j’ai vite aussi proposé le montage car c’est un travail assez technique. Il n’y a pas de kit facile à installer.
On trouve des kits à 700 euros tout compris (batterie, moteur et électronique…) mais au standard chinois… Ce n’est pas ma clientèle.
Quelle est ta clientèle?
Déclic-Eco fait du sur-mesure. Je refuse beaucoup de commande classique que je réoriente facilement sur les vélos électriques du commerce ou même les kits du commerce si le budget est vraiment réduit. Ma clientèle c’est globalement :
- les vélotafeurs (voir par exemple notre 1er témoignage) ou même les vélos utilitaires, outil de travail
- les voyageurs à vélos
- les vélos couchés ou atypiques (par exemple des écoles qui participent à des courses solaire, ou le Sun Trip…)
- les moutons à 5 pattes en général (dont les « vélos » à 3 roues, ou 1 roue, comme des joélettes par ex…)
Plus mon expérience augmente, plus je demande à mes clients un cahier des charges précis, afin de créer pour eux l’ensemble moteur/batterie/électronique qui leur conviendra le mieux. Que souhaite faire le client? Quelle puissance? Quelle autonomie? Etc… Il n’y a pas d’assistance électrique universelle, seulement des assistances adaptées au besoin. J’ai testé beaucoup de choses et notamment beaucoup de choses qui ne marchent pas.
Depuis le début, j’ai fait environ 400 vélos (10 par mois env). J’en ai très peu vendu dans les Bouches du Rhône, beaucoup plus sur Grenoble par exemple.
Et le Sun Trip? c’était comment? D’abord la course elle -même, comme participant et constructeur.
Comme concurrents nous avons fini 5ème. En 55 jours pour 60 visés. Nous n’envisagions pas de gagner, ni même de faire la compétition, mais on se laisse prendre par la course et on se surprend à surveiller les autres concurrents… Les 3 premiers sont des marathoniens ou des triathlètes sur longue distance (type Iron Man…). On est assez fiers. Comme constructeur 4 des 5 premiers ont été équipés par Déclic-Eco.
Il n’y a eu que 7 participants qui sont arrivés en autonomie (100% solaire) à Astana, et donc 7 classés seulement sur 20 arrivés et 32 partants. Il faut dire qu’après les 4 premiers arrivés, il y a eu une semaine de pluie, ce qui n’arrive quasiment jamais au Kazakhstan et a compliqué sérieusement l’affaire. C’était un point important de la course, dans notre cas, en cas de soleil nous arrivions à faire 160 à 200 km la journée (240 km au maximum) mais en cas de pluie, on tombait à 100-120km. Adrien Dugoujon (arrivé 2ème) a fait 350 km en 1 journée…
Globalement on a fait 8000 km depuis Istres dont des routes très défoncées, en Ukraine par exemple. Il y a eu beaucoup de casse chez les concurrents, notamment chez les vélos en aluminium qui sont plus rigides donc plus cassants et plus difficiles à réparer (soudure). Nous n’avons eu nous-mêmes que quelques rayons (le cadre de mon vélo a été construit fait par Nazca, une société hollandaise qui sait faire des cadres et avec qui nous avons bien travaillé). Tous les vélos que j’ai équipé n’ont eu aucun souci technique!
La prochaine édition est prévue pour 2015. Il y a déjà beaucoup de préinscrits.
Et l’ambiance? Les souvenirs?
Une expérience inoubliable. Voyager ainsi permet de rencontrer les gens de manière exceptionnelle. Dès l’Italie l’accueil des gens était super, avec une mention particulière au Kazahstan où la tradition de nomadisme (et peut-être un tourisme encore rare) pousse les gens à vous accueillir. On nous a parfois offert le gite et souvent à manger. Un kazakh a même fait 30 km pour nous rattraper car il tenait à nous offrir un sac repas après qu’on a un peu parlé avec lui.
La meilleure preuve de cette chance nous a été donné par l’organisateur du Sun Trip. Il y a quelques années il avait fait le même voyage en vélo solaire, ce qui lui avait donné l’idée du Sun Trip, avec des souvenirs humains inoubliables. Pour nous suivre et en assurer en partie la sécurité du Sun Trip, il a voyagé en voiture. Il a pu voir la différence au niveau de l’accueil!! En voiture on est invisible et les gens restent indifférents. En vélo l’accueil est positif, en vélo bizarre (couché par exemple) c’est encore mieux et en vélo bizarre solaire, c’est carrément le délire et l’attroupement assuré autour de vous.
Un mot sur la sécurité?
Il y a malheureusement eu un accident assez grave (choc frontal dans un tunnel, endormissement du conducteur en face) mais grâce à la solidité de son vélo à 3 roues, le concurrent n’est heureusement pas mort (mais des fractures multiples). Une pensée pour lui qui sort juste de maison de repos.
Les lecteurs de votre blog savent bien les risques que prennent les cyclistes, en voyage ou même ici… mais il ne faut pas penser trop à ça, sinon on ne bouge plus… et on perdrait tant.
Le vélo est rentré?
Il vient d’arriver, il est encore dans le carton… Il sera bientôt prêt à repartir!