L’accès facile et sûr en vélo aux lycées et aux collèges est une priorité dans les villes qui s’intéressent au vélo, et nous ne pouvons qu’encourager cette réflexion dans les villes de notre territoire.
L’accès vélo aux collèges et lycées d’Istres
A Istres on parle de la fermeture du collège Savary, situé au sud de la ville où il y en plusieurs autres, pour en ouvrir un au nord de la ville où il n’y en a pas et où selon le projet de PLU (contesté) devrait se faire l’essentiel du développement de la ville dans les années à venir. Si le PLU est confirmé puis le projet de collège, nous ne pouvons qu’inviter les services de l’urbanisme et ceux du CG13 à y favoriser les accès des élèves à vélo, comme cela a été fait sur la commune de Jacou, située dans la (grande) banlieue de Montpellier : fiche écomobilité scolaire collège Mendès France Jacou.
Mais travailler sur de nouveaux projets n’empêche pas de travailler à améliorer ce qui existe déjà, donc d’encourager les élèves (et les adultes) des lycées et collèges existants à y aller à vélo, éventuellement en encourageant les vélobus, afin d’éviter ces manèges de voitures de parents venant déposer ou chercher leur enfants à l’école, facteur de bouchons et de pollution. Le cas des écoles primaires est finalement similaire, revenant à encourager les parents à accompagner les plus jeunes des enfants à vélo, sur des sièges embarqués, des remorques, ou sans doute mieux encore les vélobus, donc. Mais concentrons nous ici sur les collèges et les lycées.
A Istres (la situation est assez similaire dans le reste du territoire) on a la situation suivante:
Etablissement |
type |
Parking vélo |
Accès acceptable sécurité |
Rimbaud | Lycée général | Oui | Oui |
Latécoère | Lycée professionnel | Oui | Non |
Pasteur | Collège | Non | Non |
Savary | Collège | Non | Oui |
Coutarel | Collège | Oui | Non |
Daudet | Collège | ? | Oui |
La dernière colonne est assez subjective. Le lycée Rimbaud, situé dans un quartier piéton et proche de notre véloroute n°1, semble facile et assez sûr d’accès. Néanmoins nous ne connaissons pas la proportion des élèves venant à vélo, à pied, en transport en commun ou en voiture. Le parking ne semble pas bien grand…
Le lycée Latécoère est particulier, car un lycée professionnel recrute bien au delà de la ville où il est situé. De ce fait, beaucoup d’élèves viennent en bus de Fos, de Port de Bouc, de Port Saint Louis… Néanmoins un grosse minorité (25%?) vient d’Istres en choisissant parfois une section parce qu’elle est à Istres (ce qui n’est pas le meilleur critère de choix…). Une assez grosse proportion de ces élèves est déposé par leur parent en voiture (!) et on peut c’est sûr gagner là dessus. On remarquera qu’on peut aussi gagner sur les professeurs et le reste du personnel adulte.
Or ce lycée peut constituer un cas d’école (!!) car il est situé sur une route (l’avenue des Bolles/la corniche de Suffren) assez étroite, à fort débit et à assez fort dénivelé des 2 cotés (donc grosse différence de vitesse entre le vélo et les voitures dans le cas de la montée). Avec même un rond-point à 2 voies (la plaie pour les vélos…) en bas d’une des côtes. Mais on peut proposer une alternative aux élèves venant du centre-ville (et donc aussi du nord de la ville) en autorisant le double-sens cyclable dans une rue qui y accède presque directement : le chemin du Rouquier.
Les double-sens cyclables (DSC) :
Les DSC ont pu laisser dubitatifs quand l’idée est sortie en France il y a plusieurs années. Les allemands par exemple ont crié au délire: plus avancés que nous sur le retour du vélo, ils n’avaient pas tenté cette expérience et elle leur semblait dangereuse. Mais en sécurité routière comme en tant de chose, tout est question d’usage, de consensus, d’habitudes qui se prennent ou pas. L’éthylotest ou l’allumage des phares le jour pour les automobilistes sont des idées qui n’ont pas pris en France, les DSC sont une idée qui a pris.
Nombreux en sont les témoignages : une amie marseillaise (adhérente du CVV) me répète souvent qu’à vélo elle préfère prendre les DSC à contre-sens que dans le sens des voitures « parce que je vois arriver les voitures« . Elle ajoute qu’elle roule au centre de la voie sauf quand elle croise les voitures, pour bien être vue, ce que confirme ce petit film (très bien) fait par une association de Bourges.
Les panneaux qui indiquent les DSC sont les suivants:
Ca ne marche pas partout : le trafic doit être « raisonnable », justement pour permettre au vélo de se remettre au centre de la voie et d’être vu par la voiture suivante. C’est aussi mieux si la rue est à peu près droite, toujours pour que la voiture et le cycliste puissent se voir d’assez loin. Dans ses conditions, ça marche et c’est paradoxalement confortable pour le cycliste.
Le chemin du Rouquier: une expérience facile et utile
Le chemin du Rouquier est à sens unique (descendant) sur sa partie haute. En haut se trouve le lycée Latécoère mais aussi la préfecture, qui reçoit un public tel que son parking déborde souvent (celui du bas le long du stade, sur le « chemin de la combe aux fées »). Aller à ces 2 établissements depuis le centre-ville soit impose de passer par le rond-point des Bolles (pénibles et dangereux en vélo) soit passer par la Corniche de Suffren, pas agréable non plus, comme déjà dit plus haut.
Et si on remonte en vélo la partie haute du chemin du Rouquier (celle en sens unique), on trouve ça:
En arrivant en haut du chemin, il repasse à double sens (voiture) pour les habitants d’un immeuble:
Du coup l’arrivée sur la route de corniche (et le lycée en face) est déjà sécurisée.
Une amélioration facile, il suffit de rajouter des panneaux en haut et en bas de la rue, et éventuellement un ou deux petits rappels aux automobilistes (panneau bleu) en cours de route (la partie du chemin en sens unique fait 400m environ).
On a vu pire comme budget…
Que voilà une bonne idée, mais il faudra changer les mentalités des parents. J’ai enseigné au collège Coutarel de 1994 à 2002 et je n’ai pas vu beaucoup d’élèves se rendre à vélo au collège. Ah si les parents avaient pu rentrer avec leur voiture dans la cour du collège, ils l’auraient fait ! Il ne fallait pas que ces chers petits fassent un pas de trop.
Avant cela j’ai enseigné à Martigues de 1966 à 1973 au lycée Langevin et ensuite de 1974 à 1993 au collège Picasso où je ne me rappelle pas avoir jamais vu un élève venir à vélo. J’ai moi même renoncé à venir travailler à vélo tant j’étais l’objet de moqueries de la part des élèves (je sais, j’aurais dû passer outre, mais ce n’est pas toujours facile.
En revanche, la semaine dernière, j’ai relié Vienne (en Autriche) à Budapest à vélo (350 km en cinq jours) avec un groupe d’amis et là c’est autre chose : les cyclistes sont rois ! J’ai eu un peu de mal au début car les pistes cyclables le long du Danube sont à double sens et pas toujours très larges et là, on en croise des cyclistes, ce n’est pas comme à Martigues où je suis la plupart du temps toute seule. Et quand nous avons emprunté des routes sans piste cyclable, nous avons remarqué que la plupart des automobilistes nous laissaient la priorité (à part quelques très rares chauffards).
Et à Vienne, cyclistes et piétons se partagent les trottoirs sans aucun problème et Dieu sait si les cyclistes sont nombreux. Ce n’est pas comme ici où lorsque j’emprunte un trottoir à vélo, il m’arrive de me faire agresser par des piétons (alors que je mets pied à terre pour les croiser). On me dit que pour les cyclistes il y a la route : je leur rétorque que pour les vélos, il devrait y avoir des pistes cyclables et qu’en leur absence je préfère assurer ma sécurité. On à trop tendance à oublier que le code de la route (qui interdit les trottoirs aux cyclistes) a été édité à une époque où il y avait dix fois moins de voitures qu’aujourd’hui, qu’elles roulaient moins vite et où on pouvait effectivement considérer les vélos comme des véhicules.