Il y a quelques mois, ARTE a diffusé une vidéo intéressante pour nous : on y parle des « autoroutes pour vélo », ces pistes cyclables rejoignant des villes distantes d’une dizaine de km et sur lesquelles les arrêts sont évités autant que possible (passerelles, tunnels) pour augmenter la vitesse moyenne.
Ce type de piste cyclable se multiplie aux Pays-Bas, pays plus que jamais laboratoire en terme de vélo. Là-bas, les déplacements à vélo à l’intérieur des villes (toutes, pas seulement les grandes comme ça revient chez nous) et même banlieue-centre (grosse différence avec la France ou même l’Italie) sont bien développés depuis longtemps : il s’agit désormais pour eux d’encourager les personnes qui habitent dans une ville et travaillent dans une autre ville proche à pouvoir faire le trajet à vélo. C’est en ce sens que le concept nous intéresse.
La vidéo d’ARTE a pour sujet la lutte contre l’obésité et ne traite les autoroutes pour vélo que comme une des explications à la limitation du phénomène aux Pays-Bas. Sur le sujet de l’obésité, le propos est contestable : les Pays-Bas et la France suivant des courbes comparables en terme d’obésité (en croissance dans les 2 pays…) l’explication vélo est insuffisante, j’y reviendrai en fin d’article, par contre la présentation des autoroutes à vélos est bonne:
->lien vers vidéo ARTE (obésité, Pays-Bas, autoroutes pour vélo, supermarchés)
L’ouest de l’étang de Berre : un territoire bien adapté aux autoroutes pour vélos:
Nous avons souvent comparé le territoire d’action de notre association (les ex SAN-OP et CAPM) à un archipel de villes moyennes (entre 10 000 et 45 000 habitants) qui sont éloignées les unes des autres d’une dizaine de km. Beaucoup de gens vivent dans une ville et se déplacent régulièrement vers une autre, essentiellement en voiture pour l’instant.
Avec le retour du vélo comme mode de déplacement et l’apparition du vélo à assistance électrique (VAE), il nous semble qu’il est tout à fait possible d’augmenter le nombre de personnes faisant ce type de trajet en vélo. Le « marché » des habitants potentiellement intéressés nous semble assez grand (et sans doute sous-estimé par les élus):
- les magasins de vélo vendent en tous cas de plus en plus de VAE pour des gens qui souhaitent aller au travail avec (un article à faire…)
- un autre exemple qui me touche est le nombre d’élèves de lycée professionnel potentiellement intéressés, notamment quand ils cherchent des stages.
- un autre exemple nous est donné par notre administrateur Michel Semeria dans l’article qui lui était consacré
De ce fait, le travail de l’association s’était largement concentré au début sur des itinéraires entre les villes de notre territoire (voir les plus vieux articles de la catégorie pistes cyclables et véloroutes) et les élus semblent commencer à s’intéresser au sujet (il était à l’ordre du jour de la commission vélo d’Istres le 11 mai 2016). Mais 2 logiques risquent de se confronter:
- faire nos liaisons inter-villes pour les touristes ou la balade dominicale (tendance « je musarde » et recherche du calme et des coins sympas…)
- faire des liaisons les plus droites et rapides possibles, pour les vélotafeurs et l’usage quotidien en général
L’exemple hollandais (un territoire industriel en archipel comme le nôtre) confortera ceux qui pensent d’abord au quotidien, ce qui est le cas du rédacteur de cet article, mais nul doute qu’il faudra se battre et chercher le consensus. Notre pays, sinon notre territoire, est devenu un pays où le tourisme est une industrie.
Quelques liens sur le sujet des autoroutes pour vélo:
Le reste de la vidéo d’ARTE mérite néanmoins deux post-scriptum.
PS1: L’obésité en France et aux Pays-Bas
En terme d’obésité, les pays-Bas sont certes bas, mais leur courbe est en hausse, et les courbes françaises et hollandaises sont très proches (courbe suivante source Wikipedia):
On associe généralement la « résistance » française à l’épidémie d’obésité qui a touché les États-Unis puis le Royaume-Uni à notre tradition d’alimentation à heure fixe et sans grignotage. De ce point de vue, le mode d’alimentation des Pays-Bas étant clairement de type « anglo-saxon », l’explication du vélo est acceptable.
On constate néanmoins une augmentation dans nos 2 pays, et remettre la France à vélo pour aller au travail nous semblerait une bonne chose.
Toute les études faites sur le vélo montrent d’ailleurs que l’argument de la santé est toujours le plus pertinent pour convaincre quelqu’un de se remettre personnellement au vélo, mais que cet argument est également le meilleur vis à vis des élus-décideurs. Les gens venant à vélo sont moins absents, notamment.
PS2 : Faire ses courses à vélo, et le malheur des ZAC françaises
La vidéo d’ARTE apporte aussi un autre argument : les hollandais font du vélo non seulement pour aller au travail, mais également pour faire leur courses.
C’est clairement une différence avec la France.
Aux Pays-Bas ou encore en Allemagne, les gens font leur courses dans des petites superettes type Aldi ou Lidl (qui ont exporté ce concept en France) beaucoup mieux réparties dans les villes, et souvent accessibles à vélo ou même à pied.
La France des dernières décennies se caractérise en effet par un développement des supermarchés et hypermarchés loin des centres-villes, loin même des centres d’habitation en général, et difficiles d’accès à vélo.
Sur notre territoire, Istres est de ce point de vue un cas d’école chez nous : les touristes se souviennent d’un centre-ville moribond et de 2 grandes ZAC difficiles à contourner à vélo.
Il s’agit là d’un choix d’urbanisme (et même encore plus large) lourd en France, qui dépasse notre combat, mais avec lequel il nous faudra composer…
En Allemagne, et peut-être est-ce aussi le cas aux Pays-Bas, les règles d’implantation commerciale sont beaucoup plus strictes que chez nous et tous les quartiers d’habitation conservent des commerces de bouche par exemple.