Les urbanistes ont baptisé « lignes de désir » (définition Wikipedia et exemples ici) ces cheminements inventés par les usagers qui préfèrent « couper », parce que c’est plus court et plus pratique.
La phrase ci-dessus est tirée d’un article du blog d’Olivier Razemon consacré à cette question d’urbanisme et qui en présente quelques jolis exemples.
A Istres comme ailleurs il y a des lignes de désirs. Nous avons indiqué 2 de ces lignes à des élus. Le résultat n’a pas du tout été celui que nous attendions et il nous semble nécessaire d’écrire sur le sujet.
La traversée de l’avenue de Radolfzell depuis le parc Guelfucci
Voici une photo aérienne de mars 2016 (merci Google Earth!), avec la petite ligne repérée, qui part d’un chemin du Parc Guelfucci (anciennement parc des Salles) et à partir de laquelle des piétons traversaient l’avenue de Radolfzell (la ville allemande jumelée avec Istres).
En novembre 2016, nous avions repéré cette ligne et avions transmis à quelques élus les photos suivantes, où on voit un piéton utiliser cette ligne qui passait par un trou fait dans la grille du parc et rejoignait un chemin « officiel » qu’on distingue de l’autre coté de l’avenue.
Nous avions signalé cette ligne en leur suggérant de créer à ce niveau
- une entrée piéton dans le parc
- une passage protégé pour traverser l’avenue
Que croyez-vous qu’ils firent? Ils refermèrent la grille! (photo prise le 12 février 2017)
Quelle sera l’étape suivante? Les piétons qui passaient là referont sauter la grille (le trou ne s’était pas fait tout seul…) et… nous nous garderons bien de le signaler !
Était-ce si difficile de rajouter un passage sécurisé? A priori non, la ville a ajouté plein de coussins berlinois dans les rues ces derniers mois (ce qui est très bien!) en avait même su créer, vers 2013, un nouveau passage piéton un peu plus loin sur la même avenue dans des conditions assez similaires (proximité d’un rond-point). On le voit sur la voir la photo ci-dessous. Elle aurait pu faire de même dans le cas qui nous occupe, mais non…
La traversée du parc Guelfucci à vélo
Les lignes de désirs ne sont pas toutes créées par des piétons. Certaines sont faites par des cyclistes. On peut les distinguer aux traces, leur largeur notamment… La ligne de désir indiquée ci-dessous était également dans le parc Guelfucci (coté allée des 1000 fleurs). Elle était largement le fait de cyclistes (dont l’auteur du présent article!) et d’ailleurs cet ancien article l’intégrait à une suggestion d’aménagement d’itinéraire cyclable. Nous avions donc eu le tort de l’indiquer aux élus…
La photo aérienne ci-dessus date de mars 2016. Au prochain passage du satellite, il sera facile de voir que la ligne de désir sera très estompée (on peut prendre les paris!). L’herbe repousse déjà, comme on peut le voir sur la photo ci-dessous. Les piétons font une trace large parce qu’ils préfèrent marcher sur l’herbe quand il pleut, les cyclistes passaient toujours au même endroit et avaient créé la trace étroite au milieu, c’est cette dernière qui disparaît. Les arbres ont été plantés récemment de part et d’autres de la ligne, si la ligne disparaît c’est grâce à eux qu’on saura où elle était!!
Pourquoi la trace des cyclistes s’estompe-t-elle? Parce que la ville à mis aux entrées du parc des filtres anti-scooters qui sont largement des filtres anti-vélos (voir cet article d’août 2016) et que les cyclistes préfèrent désormais contourner le parc par la route que le traverser, ce qui n’est certes pas un progrès pour leur sécurité…
(Et si vous identifiez dans les traces ci-dessus d’anciennes traces de scooter, c’est que vous êtes un élu! Moi je n’en ai jamais vu!)
Conclusion
La prochaine fois qu’on voit une ligne de désir, le signalera-t-on aux élus? Rien n’est moins sûr!
Remarque finale:
Évidemment la ville d’Istres n’est sur ce point sans doute pas pire qu’une autre ville (ou autre grosse organisation), on se rappellera par exemple notre suggestion de voie cyclable Istres-Fos, avec le grillage refermé par RFF peu après l’écriture de notre article…